J’ai de la famille en Ardèche, un jour j’étais chez eux dans le jardin, je m’essayais péniblement à l’écriture d’un texte de chanson. Une voisine est alors arrivée, elle était retraitée du secteur bancaire à Paris, rien à vous voir avec la chanson à priori. Elle s’est approchée et m’a demandé si elle pouvait lire. Elle a trouvé que c’était bien et m’a dit : » Vous savez… avec mon mari nous avons longtemps hébergé un jeune employé de la banque qui arrivait de Bordeaux, un emploi purement alimentaire pour lui car sa passion était la chanson. Il s’appelait encore Serge Chauvier, pas encore Serge Lama. Je lui repassais ses chemises… et il n’a pas oublié, on s’appelle régulièrement et je suis invitée à ses premières. Si vous voulez je peux lui faire passer quelques textes… Je ne vous promets rien mais il vous fera un retour « . Je lui ai donné les textes et j’ai oublié l’affaire.
Quelques mois après je reçus un coup de fil d’une collaboratrice d’Alice Dona. Cette dernière venait de créer une école de spectacle à Paris et s’apprêtait à ouvrir une succursale à Marseille, avec un atelier d’écriture de textes de chansons dirigé par Claude Lemesle ( parolier aux références multiples, président de la sacem etc… ).
Elle me proposa de rejoindre l’atelier. Pourquoi pas ?
Et me voilà qu’un soir je me suis retrouvé devant Alice Dona et Claude Lemesle à lire mes » chefs-d’oeuvres » avec fébrilité. Lemesle, discret, presque timide ( je pense qu’il était impressionné par mon immense talent. mdr ) me dit alors : » On peut travailler « . Ouf !
J’y ai affûté ma plume pendant trois ans et j’ai rencontré des artistes avec qui j’ai pu collaboré et apprendre beaucoup.
Quand on sait qu’Alice Dona était la complice de Serge Lama pour au moins la moitié des musiques de ses chansons on peut penser que la dame de l’Ardèche aura bien tenu sa promesse. Il y a parfois des moments de grâce dans la vie. Lama-Dona… ou la Madonna…